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mi-août 2025
Débit: moyen (98 à 85)
Parcours: une cinquantaine de kilomètres du lac Magpie au portage contournant la "Magpie gorge" ou 4ème grande chute
Classe: 3 (4,5) et quelques chutes
Portages: 3 portages courts sur les roches puis un très long de 1.5km au niveau du take-out
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À la suite d'une suggestion d'expédition "hybride" initiée par André Bélanger, un ami qui dirige la Fondation Rivières, moi et Adrienne avons pu nous inscrire à une expédition de raft guidée par la compagnie Noryak. Il m'a donc été possible de descendre en kayak d'eau vive plutôt qu'en raft et d'inviter un autre ami de calibre à se joindre, Guido. De plus, Rhéal et Carole Ouellet se sont aussi joint au groupe en raft. Nous avions donc un petit noyau d'amis qui s'est fondu au sein de notre beau groupe de 18 personnes, guides inclus.
Denis, Paul et Pierre m'ont prodigué de précieux conseils pour débuter l'activité de la pêche à la mouche. Yves nous a tous impressionnés par son énergie et l'aide constante qu'il apportait aux guides. Il faut dire qu'il était venu en vélo de Montréal si vous pouvez croire cela. John, Daisy, Austin et Emily nous ont parlé de leurs hobbies comme la nage en eau libre longue distance, les compétitions étudiantes de véhicules électriques entre autres. Julien nous partageait avec enthousiasme ses connaissances en gestion de la production électrique au Québec. Mika, Gabriel, Sébastien et Éric nous ont guidés de main de maitres et nous ont cuisinés de fameux repas comme une magnifique croustade sur le feu ou encore des oeufs tournés sur bagel, jugez-en par vous-même.

La rivière Magpie est connue pour s'être fait attitrer en 2021 une personnalité juridique et des droits visant à préserver la qualité de son existence. Ceci est une première en Amérique du Nord et cette reconnaissance, menée par l'Alliance Muteshekau-shipu, le Conseil des Innus d'Ekuanitshit, et la MRC de Minganie, vise à empêcher un futur harnachement de la rivière Magpie.
Les conditions météorologiques ont fait en sorte que nous avons pris l'hydravion un jour plus tard que prévu. Arrivés le lundi midi au lac Magpie, nous avons pu assembler les catarafts qui allaient transporter nos sacs de 110 litres personnels ainsi que toutes les affaires de groupe pour la cuisine et autre. Le grand vent du lac chassait les bibittes et le temps frais se chargeait de les faire battre en retraite. Elles ont été quasiment absentes pendant toute l'expédition.
En tant que cueilleurs aguerris, nous étions aux anges avec la grande quantité de bleuets ainsi que quelques gadelles. La côte nord regorge d'espèces de baies délicieuses comme le chicouté, la camarine noire, l'airelle rouge, l'amélanche, le petit thé des bois (tic-tac). Après avoir campé durant la nuit la plus froide autour de 5 degrés, nous étions prêts vers 10h et demi pour nous engager dans la rivière.
La première journée contenait le plus de gros rapides, en nombre du moins. Le 2ème, un R4 de 150m, dans lequel tout le monde a emprunté le canal de gauche (apparemment plus difficile que celui de droite d'après un bref aperçu depuis l'aval) m'a réservé un accueil un peu trop "chaleureux" mais j'ai trouvé l'inspiration pour sortir de ce mauvais pas. La ligne extrême gauche était finalement plus complexe qu'anticipé.
Il y avait plus loin "Blanche neige", un magnifique R4 avec une finale évidente. Puis "pointu caché" et "les tiers", rapides classe 4 aussi mais tout de même plus faciles selon mes critères de kayakiste. Et on finissait la journée en beauté au site des fougères après le beau R4 "les marmites" pour lequel un repérage rive gauche m'a été utile. On avait alors parcouru une dizaine de kilomètres et une baignade relaxante, moins fraiche que dans le lac la veille, nous permis de détendre nos muscles.
Au camp le soir, il a fait moins froid que la nuit précédente mais toujours peu de bibittes pour nous achaler. Quelle chance inespérée! La pêche à la mouche ne fut pas fructueuse pour moi mais d'autres pêcheurs plus talentueux ont permis au groupe de gouter à la chair délicieuse des truites mouchetées.
Le lendemain, la journée était belle et les paysages grandioses. Le plan était de faire une quinzaine de kilomètres, donc un peu plus que les autres jours. Il a fallu portager quelques dizaines de mètres à deux places mais c'est surtout de l'ouvrage pour les catarafts (vider les bagages, tirer l'embarcation sur les roches, recharger). Mais nous formions clairement une équipe de feu comme on peut le voir plus bas (au 1er pallier de la chute des femmes, photo du vendredi).
Le premier portage de type "valise" se situe à la chute du porc épic après un seuil classe 3 qui enchaine avec une ligne classe 5, voire deux mais nous n'avons pas pris ce risque et sommes sorti après le S3. Ce n'était pas évident pour les guides d'arrêter les rafts après le seuil.
Puis, plus tard, le deuxième portage de même type à la grande chute ou le canal principal termine dans un rappel monstrueux (le plus petit canal de gauche a été cordelé puis descendu en raft par les guides).
Un sac perdu lors de l'expédition précédente au niveau de cette chute fut retrouvé à notre site le soir même, sans doute déposé là par un autre groupe. Je peux vous dire que son propriétaire était bien heureux de retrouver tout son stock.
Il y avait aussi de belles vagues à surfer dont une vraiment géniale pour moi et Guido. On a pris pas mal de retard sur le groupe à cause d'elle, LOL.
Une autre activité prenante m'a mené à presque manquer le service de repas du midi: la pêche à la mouche qui cette fois-ci fonctionna avec une belle petite truite que je relâchais ensuite. Adrienne m'avait heureusement réservé une part du repas; merci à ma douce.
Puis nous avons poursuivi à travers la vallée des aigles ou certains rafteurs ont pu essayer un des deux sportyaks apportés par l'équipe de Noryak. Arrivés au grand site de l'ile du chablis, chacun pu prendre ses aises et profiter de la magnifique nuit étoilée sans lune.
Le jeudi matin, après un délicieux déjeuner, nous avons pagayé la fin de la section plus tranquille puis rejoint le plus beau rapide à mon gout: "le saxophone". Un beau crescendo en R3 puis R3/4 qui finit par un S4 avec au moins un beau surf sur le chemin.
On a poursuivi à travers plusieurs rapides de difficulté moindre et Adrienne a emprunté mon kayak après le lunch. Après une bonne quinzaine de kilomètres parcourus ce jour-là, nous sommes arrivés tôt au site de la pétanque, vers 14h. On a bien sur joué au jeu susmentionné, tradition et galets adaptés obligent. John et Austin ont ravi la victoire 5-4-4 au grand désarroi des deux autres équipes.
Le vendredi s'annonçait comme une journée bien remplie avec quelques rapides de classe 4 (voire R5 d'après la carte), un lac de 5km avec vent de face et, au bout, un démontage des catarafts qui devaient reprendre l'hydravion. Le plan était donc de partir tôt, ce que nous avons accompli avec un départ record à 7h45.
Côté rapides, le 2ème pallier de la chute des femmes, les dalles, la chute de la confiance et Boréalis nous ont apportés une quantité parfaitement dosée de plaisir et de défi.
Un des deux rafts a eu plus de misère au dernier rapide (Boréalis) car un arrêt brutal dans un seuil a fait chavirer l'embarcation. Tous les occupants, guide inclus, se sont retrouvés à l'eau. Heureusement, plus de peur que de mal et tout le monde a pu réintégrer le raft assez vite.
Après une bonne dizaine de kilomètres, nous avons rejoint la "Magpie Gorge" qui, je pense, donne son nom innu à la rivière. Mûtehekâu Hîpu signifie "la rivière où l'eau passe entre des falaises rocheuses carrées". Nous avons campé dans le sentier de portage pour cette dernière nuit. La distance est de 900m + 600m (interruption pour passer de la rive droite à la gauche en kayak ou en quai flottant).
Moi et Guido avons portagé une partie de notre équipement dont les kayaks en fin de journée afin de faciliter le reste du portage samedi matin. Ceci nous a permis d'aller visiter le bas de la gorge où nous avons vu un cormoran pêcheur et des mouvements d'eau peu attirants dans cette gorge étroite où 100 m3 d'eau passent à chaque seconde.